10
Fév 2016

Mes chers jeunes compatriotes,

Vous célébrez dans quelques heures le cinquantenaire de la fête de la Jeunesse, placée cette année sous le thème “Jeunesse, citoyenneté et lutte contre l’insécurité pour l’avènement d’un Cameroun émergent”.

L’année dernière, je débutais mon message à votre attention par l’exaltation du combat farouche que nos vaillantes forces armées livrent avec bravoure à la secte BOKO HARAM. Ce conflit armé dévastateur qui cause la désolation et le deuil est loin d’être terminé. Permettez-moi cependant de vous dire, cette année, que notre pays fait désormais face à une autre grande menace sur sa stabilité sociale : Il s’agit de la détermination du régime en place de confisquer le pouvoir à n’importe quel prix, y compris à travers de mauvaises élections.

En effet, vouloir rester au pouvoir lorsque votre bilan économique, politique, social et culturel parle en votre faveur est une chose, mais vouloir s’agripper au pouvoir pour le pouvoir, alors même que le bilan d’un long règne montre de façon flagrante qu’il n’a pas apporté le bien-être au peuple camerounais, c’est préparer une crise dont les Camerounais, épuisés par les souffrances de toutes sortes, n’ont pas besoin.

Mes chers jeunes compatriotes, un pays dans lequel les citoyens ne peuvent pas choisir leurs dirigeants, par des mécanismes démocratiques, libres et transparents, ne prépare pas la paix sociale, mais planifie en toute conscience le désordre et la violence. Il se décrédibilise et crée un climat de manque de confiance chez les investisseurs et les partenaires au développement. Nous avons vu et voyons encore autour de nous, les conséquences désastreuses, immédiates et à long terme, de l’obstination de certains dirigeants « mal élus » à vouloir conserver le pouvoir à tous les prix. Je vous exhorte à œuvrer ensemble, par l’inscription massive sur les listes électorales et la sensibilisation autour de vous sur l’importance des élections crédibles, transparentes et dépourvues de fraudes, comme l’unique voie légitime d’accéder ou de conserver le pouvoir, afin d’éviter à notre cher pays de telles épreuves.

Depuis trois ans, je n’ai cessé d’interpeller le gouvernement sur les graves difficultés auxquelles sont confrontées les couches démunies de notre société, en particulier les jeunes: un chômage  endémique d’une ampleur hallucinante, car un jeune camerounais sur deux est sans emploi, doit vivre au crochet de ses parents eux-mêmes déjà paupérisés, s’il les a encore; des centaines de diplômés sortis de nos universités et grandes écoles sont obligés de se reconvertir en conducteurs de mototaxis ou en vendeurs ambulants ; un système sanitaire dans lequel tout est payant et qui offre la mort davantage que la vie; des populations qui manquent d’eau potable et d’électricité, tant dans les grandes agglomérations que dans l’arrière-pays ; des dizaines de morts au quotidien sur nos routes défoncées; un système éducatif dans lequel tous les postes de responsabilité ont un prix de vente; un manque scandaleux d’infrastructures sportives à la portée des jeunes; l’absence d’une politique culturelle pouvant faire éclore de vrais talents dans tous les domaines de la culture, et j’en passe. Comment espérer que les jeunes puissent trouver leur épanouissement dans un tel contexte?

Au lieu de s’attaquer à ces problèmes de fond, les dirigeants actuels de notre pays, en panne d’imagination, fabriquent de pagnes pour faire défiler les jeunes et s’activent à construire des monuments pour délivrer quel message on ne sait; noient les problèmes du pays dans des “appels” et autres “motions de soutien” fomentées par une certaine “élite” qui tire profit de sa position et souhaite préserver ses avantages au détriment de l’immense majorité de la population. Cette élite, composée en majorité de hauts fonctionnaires de l’État, prétend parler au nom des régions entières du Cameroun, et même au nom de certaines institutions publiques du pays, alors qu’elle est sensée être au service de tous les citoyens camerounais, et donc neutres. Cette vieille ficelle stalinienne des “motions de soutien”, qui montre qu’ils n’ont jamais quitté l’ère du parti unique, tout comme les tripatouillages annoncés de la Constitution ne doivent pas vous distraire. Comme par le passé, depuis 1983, ces manipulations constitutionnelles se feront pour des intérêts purement et simplement égoïstes, et non pour régler une question fondamentale de société, améliorer la démocratie ou le fonctionnement des institutions de la République.

En effet, rien en ce moment ne justifie l’urgence d’une élection présidentielle anticipée, ni la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans alors que les mêmes dirigeants s’étaient battus âprement pour porter le mandat de 5 ans à 7 ans en 1996 et qu’ils ont révisé la Constitution en 2008 pour supprimer la limitation du nombre de mandats présidentiels. Un seul motif anime le régime en place : confisquer le pouvoir au Cameroun à jamais. Vous devez donc vous préparer à sortir, le moment venu, le sortant par les urnes: le seul et unique Président de la République qu’ont pu connaître ceux d’entre vous qui ont déjà 40 ans aujourd’hui !

Afin de sauver la paix dans notre pays par la démocratie pluraliste et élective, le MRC fidèle à sa logique de recherche permanente des conditions de paix et de justice sociale, a interpellé les instances dirigeantes de notre pays sur l’urgence d’une révision consensuelle de notre code électorale actuel, parce qu’il rend possible les fraudes massives et les irrégularités de toutes sortes, comme l’ont montré les élections couplées législatives et municipales de 2013. Le gouvernement en place nous a opposé un silence méprisant et pour bien nous faire comprendre son mépris, il a fait violenter nos militants dans leur intégrité physique, sans raison valable aucune.

Mes chers jeunes compatriotes, ce message me donne l’occasion de relever pour le déplorer et le dénoncer avec vigueur la perpétration des séries de crimes odieux et abominables observés ces derniers temps à travers notre pays (bébés décapités, jeunes filles éventrées, etc.). Évidemment, c’est avec la dernière énergie que je condamne les auteurs de ces actes crapuleux et inhumains. Je demande aux dirigeants du pays de faire toute la lumière sur ce phénomène qui ébranle les populations, et instaure un climat de peur et de paranoïa dans les quartiers de nos villes et villages.

Pour terminer, chers jeunes compatriotes, le projet de société que le MRC vous propose est pragmatique, crédible, et source de création de valeurs pour chaque camerounais, et pour le pays tout entier. La jeunesse est au cœur de ce projet de société, et rien sauf une bonne éducation reposant à la fois sur une formation académique et une formation professionnelle de haute qualité ne peut garantir sa pleine émancipation. Il est question de donner à tous les jeunes de notre pays, sans discrimination aucune, les moyens qu’il faut pour acquérir des connaissances et un savoir-faire de pointe, pour leur accomplissement personnel et pour le bien du pays tout entier. Les capacités entrepreneuriales, de création des richesses et d’emplois décents et durables sont à ce prix, la compétitivité au niveau global aussi.

Pour construire la société camerounaise nouvelle que nous vous promettons, votre engagement politique est primordial. Il s’agit d’un devoir citoyen qui n’est pas réservé à une certaine classe d’individus. S’engager politiquement pour un jeune, c’est s’intéresser à la gestion des affaires de la cité, c’est prendre position de manière responsable face aux différents enjeux socioculturels, politiques, économiques, environnementaux, de gouvernance qui se dressent devant nous. Au MRC, nous sommes convaincus qu’avec votre engagement, nous pouvons faire la politique autrement et réussir ensemble des choses qui paraissaient impossibles. L’inscription sur les listes électorales fait partie des préalables de votre engagement politique. Je vous invite donc non seulement à vous inscrire massivement, mais également à encourager vos proches à le faire. INSCRIVEZ-VOUS SUR LES LISTES ELECTORALES ET EXIGEZ VOS CARTES D’ÉLECTEURS POUR ALLER VOTER LE JOUR DU SCRUTIN!

Avec vous, le MRC, parti républicain, démocratique, moderne, et qui a fait le pari de l’avenir, est convaincu que le Cameroun retrouvera sa place dans le concert des grandes nations. Avec vous, le MRC veut faire du Cameroun le « MIRACLE AFRICAIN ». Il ne tient qu’à nous et à vous d’en décider. Ensemble tournons la page pour engager la Renaissance de notre cher et beau pays.

Joyeuse fête de la jeunesse!
Vive la jeunesse camerounaise!
Vive l’Armée nationale, rempart de l’intégrité territoriale du pays et de la souveraineté nationale!
Vive le Cameroun!

Pr. Maurice KAMTO
Président National du MRC
Yaoundé, le 10 février 2016.