Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun -MRC- s’apprête à prendre part, comme depuis sa création, à la fête de l’Unité qui se célèbre le 20 mai prochain. Cette 45ème fête, plus que les précédentes, intervient dans un contexte où, à cause de la posture de défiance et même provocatrice du Gouvernement face à la profonde crise politique née des légitimes frustrations de nos compatriotes des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, l’Unité de notre Nation est en danger.
LE MRC N’A PAS ATTENDU LA CRISE ACTUELLE POUR LE CONSTATER.
En effet, c’est depuis sa création en 2012 que notre parti a inscrit la résolution du problème politique anglophone dans la recherche du vivre ensemble dans notre pays. Le 25 juin 2016, à l’occasion de son meeting de Bamenda, il a souligné l’urgence de la prise en compte du problème anglophone dans la construction politique du pays. Puis, le 10 décembre 2016 à N’Gaoundéré, nous avons proposé au Gouvernement les voies pacifiques pour gérer de façon responsable et dans l’intérêt supérieur de l’Unité de notre pays et de notre Peuple, la crise en cours dans les deux Régions anglophones du pays.
Depuis, en excluant toute attention à la thèse inacceptable du sécessionnisme et tout contact avec les tenants de cette thèse, nous avons rejeté sans ambiguïté l’idée d’un retour au fédéralisme à deux États, l’un francophone et l’autre anglophone, mais n’avons cessé d’exhorter le Gouvernement à l’ouverture d’un véritable dialogue politique sur l’épineuse question dite anglophone. Le MRC réitère qu’il se tient aux côtés des populations et leaders légitimes des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Si le MRC reconnaît volontiers que le Gouvernement, même en s’enfermant dans le déni de l’existence même du problème politique anglophone dans notre pays, a esquissé des actes de bonne volonté, il reste que, comme nous l’avons déjà écrit, seule la libération de tous les leaders anglophones actuellement détenus dans les prisons et l’ouverture d’un vrai dialogue politique peuvent décrisper la situation qui s’est enlisée du fait d’une approche irresponsable et anachronique de la crise par le Gouvernement.
Les dirigeants, militants et sympathisants du MRC croient profondément à l’Unité de notre pays et de notre Peuple, malgré les soubresauts entretenus pour de basses raisons politiciennes par les faucons tapis au cœur du régime; c’est pourquoi le MRC prendra part au défilé du 20 mai, Fête Nationale du Cameroun et symbole parmi les plus emblématiques de l’Unité de notre CHÈRE PATRIE.
Des entrepreneurs du chaos, au cœur du pouvoir, recherchent manifestement la déstabilisation du pays afin de continuer de chanter la nécessité de la stabilité, synonyme de la conservation du pouvoir par tous les moyens. C’est pourquoi ils dressent des obstacles au retour d’une paix fondée sur la justice sociale et politique, et la sécurité des citoyens dans les Régions du Nord–Ouest et du Sud-Ouest. Aussi, le MRC ne prendra pas le risque d’y exposer la vie de ses militants qui clament tous leur indéfectible attachement à l’Unité nationale.
LE MRC NE PRENDRA DONC PART AU DÉFILÉ DANS LES DEUX RÉGIONS EN QUESTION QUE SI LES CONDITIONS DE SÉCURITÉ LE PERMETTENT.
Il ne s’agit par conséquent pas d’un boycott du défilé dans ces Régions, car, le faire reviendrait à valider la fin de l’Unité de notre Nation, une idée inenvisageable pour le MRC et à laquelle aucun patriote ne saurait songer. Il est seulement question de préserver la sécurité de nos militants, sympathisants et des populations de ces régions, en veillant à ne pas rajouter aux tensions qui y prévalent depuis plus de six mois.
Le MRC regrette que cette fête de l’Unité de la Nation ait été vidée de son sens au fil des années, au profit de la célébration quasi religieuse du culte de la personnalité d’un homme, le président de la République. Car, ce faisant, les officiants et les chœurs exaltés de cette grand-messe ont patiemment détruit les rêves et les espoirs que véhiculait la symbolique de la commémoration de l’Unité retrouvée de notre Nation, construite ensemble par les Anglophones et les Francophones. Tous les patriotes doivent exiger, à l’unisson, que la Fête Nationale cesse d’être le paroxysme du culte d’un homme célébré dans le folklore d’interminables parades, pour devenir le moment national où tous, nous nous interrogeons et interrogeons le Gouvernement sur les efforts accomplis pour donner sens à notre Unité et au vivre ensemble, ainsi que dans les progrès scientifique et technologique du pays.
Le MRC appelle les Camerounais à faire de la Fête du 20 mai 2017 le moment solennel de l’appel collectif au Gouvernement pour la libération des nouveaux leaders légitimes des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, de l’ouverture d’un véritable dialogue politique sur la question anglophone, tant il est vrai que la politique du recours aux forces armées contre les populations a montré ses limites. Au nom de l’Unité de la Nation, qui serait mortellement mutilée sans sa partie anglophone, allons défiler le 20 mai, tout en restant alertés sur la résolution judicieuse du problème anglophone, qui est un problème national.
Le Président National du MRC
Maurice KAMTO
Yaoundé, le 11 mai 2017