Depuis la découverte, le 2 juin 2017, du corps sans vie de Monseigneur Jean-Marie Benoît BALA, Évêque de Bafia, et surtout après la sortie solennelle de la Conférence Épiscopale Nationale du Cameroun (CENC) par la voix de son président, Mgr Samuel KLEDA, le 13 juin, pour qui « Mgr Jean-Marie-Benoît Bala ne s’est pas suicidé, il a été brutalement assassiné », les Camerounais sont troublés.
Il n’est pas inutile, au-delà de toute considération technique relevant de l’expertise médico-légale, de rappeler que tous les Camerounais ont vu Mgr KLEDA et d’autres hauts responsables religieux au bord de la Sanaga au moment de la sortie du corps de l’Évêque de Bafia de l’eau. Aussi, lorsque celui-ci a publiquement évoqué la brutalité avec laquelle Mgr Jean-Benoît BALA aurait été assassiné, l’on est porté à croire que c’est sur la base des observations, mêmes « profanes », que lui et tous ceux qui ont été en contact direct avec la dépouille du malheureux Évêque ont été faites.
Le MRC ne souhaite pas se mêler des enquêtes; cependant, devant l’orientation donnée à cette affaire par la justice, et en considérant l’histoire des rapports entre la justice et les Camerounais au sujet des affaires pouvant déranger le pouvoir politique, il ne peut rester silencieux.
Les conclusions de l’enquête rendues publiques par le Procureur Général près la Cour d’Appel du Centre, Monsieur Jean Fils NTAMACK, le 4 juillet 2017 selon lesquelles:
« aucune trace de violence » n’a été décelée sur le corps de Mgr BALA;
« La noyade est la cause la plus probable du décès de l’évêque »
soulèvent des interrogations. On espérait, pour une fois, avoir des enquêtes avec des résultats au-dessus de tout soupçon, après les assassinats jamais élucidés de prélats et autres ecclésiastiques, notamment Mgr Yves Plumey, les pères Joseph Mbassi, Antony Fontegh Engelbert Mveng, sans oublier les Sœurs de la communauté de Djoum.
En effet, ces conclusions laissent croire que pour observer les traces d’une quelconque brutalité sur un corps, il faut avoir une qualification spéciale que les Évêques présents au bord de la Sanaga, le 2 juin lors de sortie du corps de Mgr BALA et les légistes camerounais n’auraient pas.
Pourquoi le parquet est-il resté silencieux sur cette affaire depuis le 02 juin 2017 et surtout après les premières expertises médico-légales effectuées par les médecins camerounais?
Ces interrogations sont encore plus poignantes quand on se souvient des conclusions du même Monsieur Jean Fils NTAMACK, alors Procureur de la République près du Tribunal de Grande Instance (TGI) du Mfoundi, dans la douloureuse affaire du vol du bébé de mademoiselle Vanessa TCHATCHOU.
Ou alors si on évoque la honteuse affaire de la défenestration du jeune Narcisse Olivier DJOMO POKAM d’un grand hôtel surprotégé de la capitale en plein jour après qu’il ait subi de barbaries sexuelles, affaire dans laquelle la justice s’est acharnée sur le bagagiste TABUE FOTSO François, présenté comme le complice du meurtre. Dans cet affreux et rituel meurtre qui avait ébranlé tout le peuple camerounais, l’opinion a toujours estimé que ce bagagiste avait été sacrifié sur l’autel des intérêts de très puissantes forces occultes.
Loin de rassurer les Camerounais, l’expertise internationale promptement mobilisée intrigue d’autant plus que la participation d’un médecin légiste berlinois rappelle celle de l’entreprise allemande à qui le président de la République avait d’autorité confié le marché de la biométrie pour les résultats que les Camerounais et les observateurs objectifs connaissent.
Même si les conclusions du Procureur Général n’engagent pas le tribunal, le MRC souhaite que la justice affirme enfin son indépendance dans cette horrible affaire qui dévoile, une fois de plus, la nature mortifère du régime du Renouveau qui n’épargne même pas les religieux, comme le constatait l’Archevêque de Douala, Mgr KLEDA, en affirmant: « le clergé au Cameroun est particulièrement persécuté par des forces obscures et diaboliques ».
Monsieur Titus EDZOA, ancien ponte de ce régime, tombé en disgrâce, en a peint un tableau saisissant dans ses Méditations de prison, (Editions Khartala/Les Éditions du Schabel, 2012, pp. 57-58) en ces termes : « Boire tout frais du sang humain, c’est particulièrement excitant pour les caprices des démons; lassé des langoureuses divines sirènes, trop exigeantes et jalouses, l’on se fait incube, pour priver de leur virginité des nymphettes aussi lascives que naïves: cela procure de la jouvence à perpétuité; pratiquer comme rituel de purification et d’allégeance l’homosexualité, c’est une haute distinction discriminatoire pour l’honorabilité de la confrérie supposée prestigieuse; engager en astral des combats nocturnes épiques et suicidaires sur des «avions-tapis volants», bourrés de missiles incendiaires, l’ennemi redouté ne s’éliminant que de nuit, déguster de la chair humaine faisandée à l’étouffée, c’est de l’ambroisie pour l’éternité; livrer en sacrifice à la confrérie et, tour à tour, le plus aimé de ses proches, c’est renforcer la solidarité et la respectabilité du groupe; organiser des messes sabbatiques, très noires en couleur, pour défier le Dieu tout puissant entouré de sa cohorte de saints, de bienheureux et consorts; pactiser avec Lucifer, le diable doublement connu, le plus redouté parce que le plus redoutable, en signe de fierté d’être son flambeau de l’incarnation du mal ; forniquer avec des cadavres féminins, à défaut de harpies particulièrement décaties, ça donne de la pêche et du courage ; s’abreuver de coctions hallucinogènes, c’est l’accès assuré au royaume des ancêtres, éternels gardiens de la sagesse ; consulter de vieux grimoires, pour y découvrir des formules magiques : ainsi à la carte peut-on tuer à l’envi, avant de périr soi-même heureux, comblé d’une mort violente… ».
On n’a guère prêté attention à cette terrible confession.
Les Camerounais suivent avec une attention insoupçonnée le déroulement de cette affaire du décès de Mgr BALA dans laquelle l’indépendance du judiciaire vis-à-vis du pouvoir politique et des forces occultes, et la crédibilité du Gouvernement face à un peuple désormais éveillé et debout, sont engagées.
La Communication
Le 10 juillet 2017